Ce chanteur a débarqué du Kenya aux USA et il renouvelle déjà la musique folk ! Son prochain concert à Paris devrait montrer sa présence vocale exceptionnelle.
JS Ondara est un extraterrestre. Rares sont les jeunes musiciens à s’aventurer sur les rives de la musique folk. Ce n’est pas vraiment le genre musical qui a le vent en poupe. Ce musicien de 27 ans joue du folk d’un nouveau type. Rares aussi sont les artistes qui osent revendiquer Bob Dylan en ligne de mire, armés de leurs seules chansons. JS Ondara est de ceux-là, mais dans un style jamais entendu.
Il se produira en concert le 27 novembre dans la salle de l’Elysée Montmartre à Paris. Son premier concert en France, en janvier 2019, dans la petite salle parisienne du Point Éphémère, avait affiché complet. Il enchaîne actuellement les concerts aux USA et au Canada avant l’Europe.
Une aura surprenante
Alors que son nom était quasiment inconnu il y a un an, JS Ondara bénéficie aujourd’hui d’une aura étonnante. On imagine la fierté et l’envie qu’il doit susciter à Nairobi (Kénya), sa ville d’origine ! Son histoire, sa bouille ronde et ses costumes chatoyants doivent illuminer les yeux des jeunes (et moins jeunes) épris de musique et de liberté. JS Ondara chante en anglais, la deuxième langue officielle du Kénya, que tous comprennent, avec le swahéli.
JS Ondara a débarqué aux USA il y a 6 ans, son sac rempli de chansons. Des mélodies, des refrains et des couplets, qu’il avait commencé à composer à l’âge de huit ans. Il les conservait dans sa tête et en les fredonnant. Ses parents postiers ne le prédisposaient pas spécialement à la musique. Il se souvient : « Je me disais quelque chose du genre, ‘Je n’ai pas grand-chose dans ce monde, rien qui m’appartienne, mais j’ai ces chansons, elles sont à moi’ ».
Gagné à la musique occidentale
A l’université de Nairobi, il était devenu fan de Bob Dylan en découvrant l’album Freewheelin. Il s’était ensuite plongé dans l’univers de la musique folk, dans la lignée de Neil Young, Damien Rice ou encore Ray LaMontagne. Puis Nirvana, Radiohead, Oasis et Death Cab for Cutie avaient achevé de le gagner à la musique occidentale.
« J’étais dingue de musique. J’adorais ça. Je ne pensais qu’à ça, a-t-il raconté cette année. J’adorais le son des guitares poussées à fond. J’aimais la façon dont une voix se modelait pour s’insinuer dans une mélodie. Mais Je savais que je ne réussirais pas à jouer de la musique chez moi, au Kenya, pas le genre de musique que je voulais jouer en tout cas. Alors j’ai tenté ma chance en Amérique. »
Un rêve stupide !
Un projet fou, mais qui s’imposa à lui. « J’allais en Amérique pour poursuivre une carrière dans la musique ! C’était juste un rêve stupide ; un cahier bourré de chansons et un déluge de mélodies qui ne demandaient qu’à sortir de mon cerveau… Rien de bien malin dans tout ça, j’en ai bien conscience ! »
A Minneapolis, dans la maison de sa tante qui l’accueillait, il tomba sur une vieille guitare Yamaha abandonnée et apprit à en jouer tout seul. « Les premières chansons que j’ai apprises furent ‘Knockin On Heaven’s Door’ et ‘Blowin In The Wind’ de Bob Dylan et ‘Heart of Gold’ de Neil Young ».

Acclamé partout
JS Ondara est maintenant un vrai auteur compositeur interprète. Il déploie une voix, des paroles et des mélodies vraies, inédites. Son premier album de 16 titres, Tales Of America (Decca), a été acclamé des deux côtés de l’Atlantique. Un album intense, campé dans un style acoustique, plutôt roots.
Les paroles de Tales Of America (Contes d’Amérique) reflètent le pays où il vit désormais. Un pays dont il explore les grincements, les spasmes et la liberté furieuse. JS Ondara n’est pas béat d’admiration. Il reste lucide. Modeste. Déterminé. Il sait d’où il vient. Animé, selon ses propos, « d’une curiosité insatiable ».
Une voix crue et singulière
Les chansons et la voix de JS Ondara ne plairont pas à tout le monde. Il chante d’une voix crue et singulière. Sa musique est plutôt minimaliste : guitare acoustique, quelques percussions discrètes (American Dream, Saying Goodbye…), quelques chœurs (Torch Song, Milk And Honey), quelques pointes de contrebasse (Days Of Insanity) et les touches d’un violon tout en finesse (American Dream). C’est tout.
Et en même temps, c’est aussi cette rudesse musicale relative qui fait la magie et la sensibilité de JS Ondara. Vous n’y trouverez pas de productions sophistiquées issues d’un studio new-yorkais avec des featurings clinquants. Mais de l’authenticité pur jus. Souvent, Ondara explore les possibilités de sa voix de falsetto. Dans plusieurs chansons il s’amuse même à tutoyer les extrémités.
Il assure sa chanson Turkish Bandana a capella, ce qu’à peu près aucun chanteur actuel ne se risque à faire. Dans Saying Goodbye, il évoque la perte et la séparation avec ses racines kényanes. Il se mesure à Heart of Gold de Neil Young pour en faire une chanson touchante et bien sentie. Enfin, avec sa reprise de I’m Afraid Of Americans de David Bowie, il marque une distance cordiale avec l’American Dream. Ce rêve américain qui l’a propulsé de l’ombre à la lumière.

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