La musique enregistrée aurait généré près de 20 milliards de dollars dans le monde en 2018. Les gagnants sont les acteurs du streaming. Mais aussi les artistes qui vendent eux-mêmes leur musique.
La musique enregistrée s’apprête à atteindre un chiffre d’affaires (CA) mondial record de près de 20 milliards de dollars pour 2018. C’est un record historique, d’après l’étude du cabinet britannique réputé Midia qui vient d’être publiée le 18 décembre. Cela n’intègre pas les milliards générés par les concerts et les produits dérivés.
Le calcul de Midia se fonde sur les résultats financiers officiels publiés par les majors et tous les labels, sur les statistiques des organisations professionnelles et sur les données émises par les plateformes de distribution.
Le streaming est devenu la potion magique de la musique
Le gagnant toutes catégories est le streaming, ce qui n’étonnera personne. Cette pratique et cette technologie tirent désormais la musique dans le monde entier vers le haut Ce secteur a connu une augmentation de 29% de son chiffre d’affaires en 2018 (+2,2 milliards de dollars) ! L’année précédente, le rythme de croissance avait atteint 41% (+2,2 milliards de dollars également).
D’après les projections de Midia, le CA de la musique enregistrée atteindrait précisément 18,9 milliards de dollars dans le monde entier en 2018. Sur cette somme rondelette, plus de la moitié serait produite par le streaming (50.8%), devenu en quelques années la potion magique de la musique. Spotify, Apple Music, YouTube et consorts auraient donc contribué pour 9,6 milliards de dollars (en augmentation de 2,2 milliards par rapport à 2017).
Le business exponentiel des artistes qui se distribuent eux-mêmes

Ce qui surprendra davantage, c’est l’excellente tenue du business généré par les artistes en direct, en dehors des schémas classiques de distribution. Le rappeur français Jul en représente un exemple marquant, avec son propre label D’Or et de Platine. Le rappeur chanteur Lomepal (disque de platine) illustre quant à lui l’indépendance la plus totale, de la production à la distribution.
Même si ce business ne représente que 3% du montant total mondial, il totalise une augmentation de 35% sur 2017. Récemment, Spotify a annoncé que les artistes pourront bientôt diffuser eux-mêmes leur musique sur sa plate-forme. SoundCloud, autre acteur du streaming, offre cette possibilité depuis son lancement.
Les majors de la musique terminent l’année avec un CA « seulement » en augmentation de 7% (à 13 milliards de dollars). Les labels indépendants totaliseraient un chiffre d’affaires de 5,1 milliards de dollars, en augmentation de 6%. Le CA des ventes de disques et de téléchargement sont en chute libre, comme en 2017. Le détail des autres ventes de musique, comme celles pour la publicité et le cinéma, n’a pas été dévoilé.
De moins bonnes perspectives pour 2019
Les projections de Midia pour 2019 sont cependant moins optimistes. Les marchés américain et britannique, les plus avancés, devraient commencer à stagner. L’Europe et les Etats-Unis demeurent certes les fers de lance du business du streaming. Mais il faudra maintenant redoubler d’efforts et ne pas s’endormir sur ses lauriers. Il reste quelques belles poches de prospérité à conquérir.
Pour assurer une continuité de croissance, des marchés comme l’Allemagne mais aussi le Japon, le Brésil et le Mexique devraient focaliser tous les regards. Ils constituent les endroits du globe à fort potentiel. Si les plateformes de streaming ont quasiment fait le plein ici ou là, elles reniflent de bons coups et relèvent leurs babines.
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Thierry
Et quelle est la part du vinyle ?
Paul Chavants
Salut Thierry,
D’après les projections du Snep, principal syndicat des producteurs de musique enregistrée, le chiffre d’affaires du vinyle devrait représenter en France environ 23% de 91 millions d’euros, soit 21 millions d’euros. Ça paraît énorme mais voilà les estimations publiées dans le média Le Point (10/09/2018) :
Estimation du marché du disque en France.
Sur le premier semestre 2018, le marché numérique représente en France un chiffre d’affaires de 153 millions d’euros contre 91 millions pour les ventes physiques.
Les ventes numériques (streaming et téléchargement) sont la première source de revenus du marché en réalisant 62,7 % du chiffre d’affaires total (153 millions d’euros), accusant une hausse de 16,2 %. Le marché physique, en baisse de 12,8 %, réalise 37,3 % du chiffre d’affaires total, soit 91 millions d’euros. À ce rythme les ventes numériques pourraient devenir pour la première fois la première source de revenus […].
Enfin, autre preuve que le marché physique s’accroche, le vinyle confirme sa très bonne forme avec un bond de + 31 % par rapport au 1er semestre 2017. Il représente 23 % des revenus physiques, soit une part de marché presque doublée au regard de l’année 2017 (12 %).