The Rolling Stones

Sony devrait bientôt mettre la main sur le célèbre éditeur musical EMI et son catalogue cultissime. Une chance de devenir le premier éditeur mondial et de profiter à plein du streaming qui explose.

 

Sony entend racheter le label musical (culte) EMI. Ou presque. Au terme du deal, l’éditeur japonais passera de 30% à 90% du capital d’EMI Music Publishing. Les 10% restants appartiennent au (Mickaël) Jackson Estate, fonds qui gère les avoirs de la star mondiale décédée en 2009. Les autorités de régulation mondiales doivent encore valider l’opération.

Pour s’offrir ce joyau de la musique, Sony Music prévoit de débourser 2.3 milliards de dollars en cash. Le deal valorise EMI à 4.75 milliards de dollars. Rien que ça.

EMI, ce sont 2 millions de titres (morceaux) musicaux. Des artistes comme The Rolling Stones, Pink Floyd, Queen, Bowie, Blur, Placebo, Bloc Party, Gorillaz, Katy Perry, Kanye West, Alicia Keys, Drake, Sam Smith, Pink, Pharrell Williams, David Guetta, Calvin Harris, Hozier, Sia… On y trouve même notre Gérard Manset national, fidèle à ce label depuis ses débuts en 1968 !

Rolling StonesSony détient déjà les copyrights des Beatles et de Mickaël Jackson

Michaël Jackson, 1984A tous ces tires, s’ajoutent les 2,3 millions de morceaux déjà détenus par Sony. Au cœur d’entre eux, le label couve jalousement les droits des Beatles et de Mickaël Jackson. Ce dernier rapporte chaque année plusieurs centaines de millions de dollars, selon le magazine américain Billboard. Tous artistes confondus, Sony Music possèderait désormais les copyrights de 4,3 millions de titres musicaux dans le monde !

« C’est un pas de trop, a déclaré Helen Smith, présidente exécutive de l’Impala, association européenne des labels musicaux indépendants. Cela risque d’accentuer la position éditoriale dominante de Sony et de renforcer excessivement son “duopole” aux côtés d’Universal. Je m’attends à une enquête approfondie dans l’UE et dans d’autres juridictions clés. »

« Aujourd’hui, ajoute-t-elle, Sony est déjà de loin le plus grand éditeur de musique au monde et un partenaire commercial indispensable qui contrôle plus de 2,3 millions de droits d’auteur. Si cette vente devait avoir lieu, son pouvoir accru serait assorti de graves problèmes de concurrence. Notamment un pouvoir de négociation excessif lors des tractations avec les sociétés de gestion collective et les auteurs qu’ils représentent. »Strawberry Field - The Beeatles

Élargir son catalogue musical pour survivre

Sony n’avait pas d’autre choix que de se renforcer pour garantir son avenir. Le label détient, d’une part, un catalogue malgré tout insuffisant pour distancer ses rivales Universal et Warner. Sony est, d’autre part, celle des 3 majors qui a connu la plus forte baisse de recettes liée à la décroissance des CD et du téléchargement, en 2017.

Le temps était venu d’élargir son catalogue afin de bénéficier du seul secteur qui connaît une embellie durable : le streaming. Tous les titres du catalogue Sony vivront leur vie sur les grandes plateformes Spotify, Apple Music, Amazon Music, YouTube Music et autres. Ils s’offriront en outre sur la plateforme de streaming The Orchard (musique et films) que Sony s’est offerte en 2015.

Spotify LogoSony va jusqu’à dire que la capture d’EMI était vitale. Le label japonais annonce, chiffres à l’appui, que le déclin des CD et du téléchargement s’accentuera plus sévèrement encore en 2018. Le relais de croissance est définitivement le streaming, qui connaît une augmentation (en valeur) de près de 10% par an.

Streaming : la seule voie d‘avenir

Tous les grands acteurs se sont engagés dans une course au catalogue musical. Sony doit impérativement mettre la main sur les perles à disposition. Il disposera ainsi d’un maximum de matière première pour tirer son épingle du jeu du streaming, filon du futur. C’est arithmétique.

La mise à disposition massive de titres musicaux, les partenariats avec toutes les plateformes de streaming et le développement d’une plateforme maison forment dorénavant la colonne vertébrale de Sony Music.

Armé pour faire la pluie et le beau temps sur le marché de la musique

S’offrir un catalogue musical géant donne à Sony les moyens de faire la pluie et le beau temps avec tous les acteurs de la musique. L’opération doit encore être autorisée. Si c’est le cas, l’univers musical verra bientôt si Sony adopte ou non la même devise que Google à ses débuts : « Don’t Be Evil » (« Ne soyez pas malveillants »).

Les créateurs du moteur de recherche avaient publiquement prétendu qu’il était « possible de gagner de l’argent sans vendre son âme au diable ». Suite à l’amende record infligée à Google par l’Europe en 2017 pour abus de position dominante, on peut émettre des doutes. Les dominants peuvent-ils avoir de bons sentiments ?

Mise à jour (27/10/2018) : Les autorités de régulation européennes ont donné leur feu vert pour l’acquisition d’Emi par Sony le 26/10/2018.

David Bowie, Life On Mars?, 1969.

The Rollng Stones, Brown Sugar, 1971.

Pharrell Williams, Happy, 2013.

Blur, Girls And Boys, 1994.

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