SUMMARY & RESULTS
Des compositions minimalistes et acérées. Une richesse vocale développée par des raps resserrés, scandés.
3.8
Réussi et sincère
Review
Musique
Paroles
Originalité
Réalisation & production
A peine lancé, le nouvel album KOD de J Cole atteint des sommets aux USA. L’artiste poursuit sa voie créative, minimaliste et autobiographique. Loin de tout bling bling.
Sortie surprise de KOD, le 5e album studio du rappeur newyorkais J Cole. Comme d’habitude, l’auteur-compositeur-interprète-producteur a fait les choses en toute indépendance. Il n’a actionné ni promo ni collaboration (featuring) de stars du hip hop pour produire et lancer ce disque.
Malgré cela, son album a immédiatement cartonné aux USA. Le jour de son lancement, il a totalisé 4,2 millions de streams (écoutes) sur Spotify et Apple Music. Il a ainsi détrôné le record détenu jusqu’alors par la star Taylor Swift (3,8 million de streams).
Des compositions plus minimalistes et acérées
La voie musicale que Cole avait ouverte avec le précédent album 4 Your Eyez Only se poursuit. Son nouvel album comporte des compositions encore plus minimalistes et acérées. La richesse vocale est développée par des flots resserrés, scandés (dans KOD et Photograph). Les percussions ont souvent la part belle.

Ce nouvel album de 12 titres exprime une intention artistique plus posée, mais aussi plus brute. Des paroles sociales, politiques et autobiographiques fortes y trouvent leur place. Loin de toute fascination pour l’argent, si courante dans le rap game.
L’interlude Once An Addict (N°9) s’avère être un examen déchirant et impitoyable de l’alcoolisme de sa propre mère et de l’incapacité de Cole à intervenir ou à aider. L’outro Window Pain (N°11) raconte la rencontre d’un enfant grâce à l’organisation à but non lucratif Dreamville Foundation fondée par J Cole. Ce gamin tente de donner un sens à la mort de son cousin, abattu.
kiLL edward, un featuring fantôme ?

Sur deux chansons, J Cole accueille le featuring de kiLL edward (dans The Cut Off et FRIENDS). Featuring ? Hum… Beaucoup de commentateurs se sont précipités pour trouver dans ce nom le premier musicien invité à participer aux compositions du rappeur. Mais il n’en n’est rien. « kiLL edward se révèle être Cole lui-même, affirme le critique musical du Guardian Alexis Petridis. Sa voix a été retraitée, ralentie. C’est le pendant de la voix de Camille de Prince, gonflée à l’hélium. »
Cet album ne reflète pas la charge, la rage, l’entrain que ce grand diable, un peu bourru, déploie dans ses concerts. Le public français avait pu apprécier ce bouillonnement lors du concert qui s’était tenu, enflammé, au Zenith de Paris, en octobre 2017. Dans son uniforme orange de prisonnier américain, J Cole avait su enflammer ses 6 000 fans par son flot et ses rythmes effrénés. La foule chantait avec lui ses imprécations et ses dénonciations.
4 disques de platine
J Cole (de son vrai nom Jermaine Lamarr Cole) a bâti son succès mondial sans convier aucune star sur ses compositions (featurings), contrairement à bon nombre de ses pairs. Il compose et produit lui-même la quasi-totalité de sa musique. A l’origine, il s’était fait connaître du grand public par le biais de sa signature sur le label Roc Nation de Jay-Z en 2009 (dont il était une sorte de « protégé »). Ça aide. Son nouvel album KOD est édité par Dreamville, son propre label, mais conserve une licence exclusive avec Roc Nation. Au total, J Cole a déjà obtenu quatre disques de platine, sans promo ni marketing. Une conduite, une attitude, un pouvoir qui lui permettent à présent de composer, produire et lancer un album surprise. Les musiciens de rap capables de jouir d’une telle liberté ne sont pas si nombreux.
J Cole, ATM
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